Finance coopérative, levier discret mais puissant pour les territoires

“La finance coopérative réconcilie impact, utilité et confiance”

 

A l’heure où les questions de souveraineté alimentaire, de réindustrialisation et de transition écologique s’imposent dans le débat public, les coopératives se révèlent être des solutions concrètes et pertinentes. Jérôme Saddier, président du Crédit Coopératif et de Coop FR, défend cette conviction avec force. Selon lui la finance coopérative est essentielle à cette transformation, car elle soutient des projets locaux avec une vision à long terme.

Une réponse née de l’exclusion

L’histoire des banques coopératives commence là où la finance traditionnelle a longtemps fermé la porte. À la fin du XIXe siècle, les petits agriculteurs, artisans et commerçants se heurtent à un refus systématique des établissements bancaires. Plutôt que de rester sans solution, ils décident d’agir collectivement. « Personne ne voulait les financer, alors ils ont créé eux-mêmes leurs propres caisses », rappelle Jérôme Saddier. En regroupant l’épargne de milliers de déposants modestes, ces structures rendent possible le financement d’une économie concrète, utile, fondée sur les besoins locaux. Ce modèle solidaire, né de la nécessité, s’est rapidement propagé en France, en Allemagne, en Autriche, puis bien au-delà.

Une finance utile au tissu local

Ce socle historique a façonné une manière d’agir toujours bien vivante. Grâce à leur proximité avec leur écosystème, les banques coopératives se distinguent par un maillage dense, composé d’agences, de sociétaires et d’administrateurs impliqués dans la vie locale. Cette organisation favorise une lecture plus juste des risques, une relation directe avec les porteurs de projets ainsi qu’une gouvernance plus démocratique. Elle permet également de financer des initiatives souvent ignorées des grands circuits financiers, mais essentielles à la
vitalité économique et sociale des territoires. On pense ici à l’agriculture, à l’artisanat, à la culture ou encore aux PME industrielles installées en zone rurale.
Pour Jérôme Saddier, la finance coopérative permet de garder la main sur l’origine et la destination des fonds, de les orienter vers l’économie productive, et d’investir avec une vision de long terme. “Les banques coopératives doivent jouer ce rôle de circuit sain et responsable pour soutenir l’activité agricole de notre pays, et contribuer à des enjeux sociaux bien plus larges”, insiste-t-il.
Sur le terrain, cette logique se vérifie concrètement. La coopérative Arterris, par exemple, réinvestit dans des outils de production et de transformation implantés au plus près des bassins de vie. Usines d’aliments et de semences, moulins, ateliers de transformation, magasins agricoles, points de vente, boulangeries, elle développe une chaîne de valeur complète au service de ses adhérents. En assurant des débouchés concrets à leurs productions, Arterris sécurise leurs revenus et construit une souveraineté alimentaire de proximité.

Rentabilité et impact, une alliance possible

Si la proximité géographique constitue un socle important, la véritable singularité du modèle coopératif réside dans sa manière de redéfinir la notion même de performance. Là où les modèles classiques privilégient le rendement immédiat, les banques coopératives adoptent une approche plus globale. Elles intègrent les dimensions humaines, sociales et environnementales dans leur évaluation de la rentabilité. Ce qui compte désormais ne se limite pas à l’équilibre économique, mais inclut aussi l’impact collectif, la durabilité des projets, ainsi que leur utilité concrète sur le terrain.
Cette conception élargie de la performance entre en résonance avec les évolutions réglementaires en cours. La directive européenne CSRD impose en effet aux entreprises de rendre compte de leur impact extra-financier. Pour Jérôme Saddier, “cette nouvelle exigence confirme la pertinence du modèle coopératif et de notre approche, qui privilégie le long terme et la confiance avec les acteurs locaux.”

Une dynamique mondiale, au plus près des besoins locaux

Ce modèle ne se limite pas à l’Hexagone. Partout dans le monde, les coopératives se développent en réponse aux besoins des populations. Leur diversité fait leur richesse. Qu’elles soient bancaires, agricoles, artisanales, commerciales ou liées au logement, elles contribuent à structurer des filières complètes, solides et résilientes. Dans le Pays basque espagnol ou le nord de l’Italie, elles jouent un rôle de maintien du tissu industriel rural. Aux États-Unis, elles occupent une place majeure dans le secteur énergétique, avec près d’un tiers de la production assuré par des coopératives. En Amérique du Sud comme en Afrique, elles permettent à de nombreuses filières agricoles ou commerciales de se développer durablement, en s’appuyant sur des logiques d’autonomie et de solidarité.
Cette dynamique internationale a d’ailleurs trouvé un écho institutionnel fort. En proclamant 2025 Année internationale des coopératives, l’ONU reconnaît que le travail coopératif constitue non seulement un moteur de développement, mais aussi un facteur de paix et d’attachement à la démocratie.

Un modèle vivant mais encore trop discret

Malgré son efficacité, cette approche reste encore trop souvent marginalisée. Jérôme Saddier en fait le constat avec regret affirmant que « Ce modèle manque encore de porte-paroles, de modélisation et d’une vraie reconnaissance institutionnelle. Il reste trop souvent invisible dans les politiques publiques, mal compris par les médias, et parfois oublié des citoyens ».
Pourtant, la dynamique coopérative est bien vivante. Elle démontre chaque jour sa capacité à évoluer, à s’adapter, et à conjuguer performance économique, utilité sociale et enracinement local. Face aux défis du siècle, elle nous invite à repenser nos repères. « Il faut imaginer autrement l’avenir de l’économie », conclut Jérôme Saddier.

Une voie à affirmer

La finance coopérative apporte des réponses concrètes aux grands enjeux contemporains. L’Année internationale des coopératives est l’occasion unique de faire connaître cette autre façon de penser l’économie. Il s’agit désormais de faire reconnaître pleinement son rôle dans la transformation des territoires, le dynamisme des sociétés et le renforcement du lien social.

Ce que des coopératives comme Arterris réalisent chaque jour sur le terrain mérite d’être vu et reconnu à la hauteur de leur impact.
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