Les coopératives sont des communautés de destin, au service des agriculteurs

Tag : Point de vue d'expert
Date : 11/08/2025
Type : Actualités

« Le modèle coopératif n’est pas une option parmi d’autres. Il est, aujourd’hui plus que jamais, la réponse pertinente, structurante et durable aux profondes mutations de notre agriculture. »

Cette conviction, exprimée par Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole, rappelle avec force que la coopération constitue une voie d’avenir pour le secteur agricole. Face aux crises, aux transitions économiques et aux attentes croissantes de la société, elle apporte des solutions puissantes de résilience et d’adaptation. En s’unissant, les agriculteurs conservent leur pouvoir de décision, s’appuient sur la force du collectif et construisent un projet solide, inscrit dans la durée.
Les coopératives sont des partenaires majeurs pour les agriculteurs. Elles les accompagnent au quotidien, investissent dans les filières et sécurisent les débouchés. Mais leur engagement va plus loin. Elles tissent des liens solides avec les territoires et démontrent qu’un modèle fondé sur la performance et la solidarité est non seulement viable, mais indispensable pour relever les défis de demain.

Un modèle coopératif, démocratique et résilient, enraciné dans les territoires

Née d’une volonté partagée, les coopératives créent de la valeur en mobilisant des femmes et des hommes de leur territoire, qui y vivent, y travaillent et y investissent.
Ce modèle repose sur une gouvernance démocratique pleinement assumée. Ici, les décisions ne sont pas imposées d’en haut, elles émanent de celles et ceux qui agissent chaque jour sur le terrain. Les orientations sont définies collectivement par les associés coopérateurs, qui définissent ensemble la stratégie à suivre et engagent leurs exploitations comme leurs filières, dans une vision commune.
L’organisation collégiale qui en découle permet une gestion responsable et résiliente, fondée sur une connaissance fine des réalités locales.
Ce mode de gouvernance partagé structure une économie agricole plus solidaire, plus inclusive et plus durable. La coopération y puise toute sa légitimité, dans sa capacité à impulser une transformation collective au service du bien commun.

Des coopératives forces vives des territoires

Pour Dominique Chargé, les coopératives ne sont pas des structures de gestion capitalistique, elles sont des constructions économiques durables, porteuses d’un esprit entrepreneurial, dotées d’une vision long terme et articulées au service d’une mission d’intérêt territorial. Mobilisées autour d’une triple performance, économique, sociale et environnementale, l’objectif est clair. Permettre aux agriculteurs de vivre pleinement de leur métier, d’investir dans leur outil de production et d’envisager l’avenir avec confiance. Pour y parvenir, les coopératives déploient des filières économiques, appuyées d’une part par une contractualisation qui garantit des revenus stables et des parcours agricoles plus sécurisés aux producteurs. Et d’autre part, par des outils industriels de transformation agroalimentaire qui créent de la valeur au niveau local.
Ce deuxième aspect est primordial. En s’appuyant sur des volumes de production importants en quantité et en qualité, et un vivier d’emplois non délocalisables, la transformation industrielle produit une alimentation de proximité, saine, abondante et au prix juste. Cette massification est le seul moyen pour l’agriculture française de tirer son épingle du jeu à large échelle, en particulier face aux importations à bas prix.
« Mais pour avancer, il faut un cadre clair et stable, » insiste Dominique Chargé. « Les coopératives doivent pouvoir s’appuyer sur des leviers réglementaires et économiques adaptés, pour mener à bien les transitions sans compromettre leur performance. Les agriculteurs, de leur côté, ont besoin d’une approche globale, cohérente, lisible et réellement applicable dans les conditions du terrain. »

Porter une transition agricole ambitieuse et réaliste

Elles déploient aujourd’hui des démarches concrètes pour répondre aux défis climatiques, à la gestion de la ressource en eau, à la régénération des sols, à la décarbonation des filières ou encore à la transition vers des pratiques agricoles toujours plus vertueuses. Sur le terrain, un réseau dense de plus de 10 000 conseillers accompagnent au quotidien les exploitations. Leur proximité, leur connaissance des enjeux locaux, et leur réactivité sont indispensables pour mettre en place des solutions pertinentes.
Forts de ce maillage territorial et de cette capacité d’action, les coopératives apparaissent comme des partenaires naturels des collectivités. Dominique Chargé invite d’ailleurs les élus à s’inspirer de ce fonctionnement collectif, fondé sur la démocratie, la solidarité et l’intérêt général. « Si, à chaque crise agricole, on se tourne vers les coopératives ce n’est pas un hasard. Leur modèle solidaire et mutualiste a démontré sa résilience depuis la fin du XIXe siècle. »
Dans cette perspective, deux leviers simples peuvent consolider le partenariat entre coopératives et collectivités. Le premier consiste à favoriser les produits coopératifs dans la restauration collective. Cela permet de proposer une alimentation saine, de qualité, issue de filières locales, tout en
soutenant directement les producteurs de proximité et en rapprochant élus, citoyens et monde agricole.
Le second concerne l’accompagnement de projets structurants. Que ce soit pour la création de retenues d’eau, la modernisation d’outils collectifs de transformation ou la production d’énergies renouvelables, les collectivités peuvent appuyer la mise en oeuvre de solutions concrètes en lien avec les coopératives.
Partout en France, de telles coopérations sont déjà à l’oeuvre.
Dans l’Essonne, une charte territoriale signée avec Elior permet d’approvisionner des cantines scolaires en produits coopératifs. Ailleurs, des coopératives travaillent main dans la main avec des acteurs publics pour structurer des filières locales de volaille ou de viande bovine. Dans le Sud-Ouest, les boutiques MO Marché Occitan d’Arterris ainsi que le premier corner MO ouvert dans leur Gamm Vert, à Carcassonne, montrent bien cette volonté de rapprocher producteurs et consommateurs, tout en valorisant les produits du terroir.

Il est temps de reconnaître pleinement le rôle structurant des coopératives dans la vie des territoires. C’est avec elles que se construira un avenir agricole vivant, responsable et partagé.

Retourner aux actualités