Décryptage d’une success story agricole féminine

Clémence Biard agricultrice à Léran dans l’Ariège en polyculture élevage bovin viande, nous livre son parcours empreint de conviction et d'audace. Agricultrice passionnée son chemin vers l'exploitation familiale est jalonné de détermination et d'innovation.

L’audace de choisir sa voie

Ayant grandi au sein de l’exploitation agricole de son père, Clémence Biard a toujours nourri une passion pour le monde agricole. Pour elle, devenir agricultrice était une évidence. Forte d’un bagage solide, comprenant un BTS ACSE après un bac STAV, elle a osé diversifier l’activité sur l’exploitation familiale, en lançant en 2014 un atelier de veau sous la mère. Être une femme dans ce domaine n’a jamais été un obstacle majeur pour Clémence. Les seules contraintes qu’elle soulève sont celles liées à la morphologie féminine. « Moi qui suis un petit gabarit, j’ai plus de difficultés à trouver des vêtements de travail adaptés à ma taille. Je dois aussi composer avec le tracteur qui se met souvent en sécurité ne reconnaissant pas toujours ma présence sur le siège, faute de poids. 

D’une manière générale, je pense que le métier d’agriculteur est tout aussi difficile pour un homme que pour une femme. J’observe une tendance des femmes à se diriger vers les filières fromagères et les petits ruminants, non seulement en raison de leurs appétences et leurs compétences en transformation, mais aussi pour contourner les obstacles liés à la force physique requise, qui peuvent être moins prononcés dans ces secteurs que dans l’élevage bovin, par exemple. ».

 

Transmission des savoir-faire et accompagnement : les clés du succès

Pour Clémence, l’apprentissage du métier d’agricultrice s’est fait pas à pas aux côtés de son père agriculteur. Cette transmission intergénérationnelle de savoir-faire, de compétences et d’expérience a eu un rôle déterminant dans son développement professionnel. En vivant dans la ferme familiale, elle a pu assimiler les subtilités du métier et acquérir des connaissances pratiques inestimables. Elle souligne aussi le soutien précieux d’Arterris lors de son installation : grâce au programme Carte Jeunes Adhérents Partenaires, elle a pu bénéficier de ressources essentielles pour son projet, qui lui ont permis d’obtenir des surfaces supplémentaires dédiées au maïs semence. De plus, la Coopérative a également assuré un suivi technico-économique et un soutien financier.

Clémence évoque l’impact déterminant de la formation initiale et de l’intégration professionnelle dans le succès des nouvelles installations agricoles et souligne ainsi la dimension essentielle de la transmission intergénérationnelle englobant savoir-faire et savoir-être.

 

Soutenir l’avenir agricole : dispositifs et réponses

Face aux défis persistants, des solutions innovantes émergent pour soutenir le renouvellement des générations.

En qualité de Présidente des Jeunes Agriculteurs de l’Ariège depuis huit ans, Clémence Biard est intimement consciente des enjeux liés au renouvellement des générations dans l’agriculture. Son département se distingue par un taux de renouvellement exceptionnel de 120 % plaçant ainsi l’Ariège en tête de peloton avec plus de 100 Dotations Jeune Agriculteur (DJA) enregistrées en 2023. Cette performance découle de divers facteurs attractifs, tels que le cadre de vie et la nature préservée, la disponibilité et l’accessibilité du foncier, ainsi qu’une politique agricole avantageuse pour les zones défavorisées et de montagne.

« Toutefois, maintenir ce dynamisme nécessite des efforts soutenus. Il est impératif de proposer des exploitations transmissibles, c’est-à-dire accessibles financièrement, en conformité avec les normes en vigueur et adaptées aux aspirations des nouvelles générations. Une attention particulière doit être portée à la gestion foncière et à l’orientation des filières, pour assurer leur pérennité économique et environnementale, car plus de la moitié du foncier est exploité de manière précaire » précise l’éleveuse ariégeoise.

 

Les défis et opportunités du renouvellement des générations

Dans le panorama agricole ariégeois, Clémence souligne l’importance capitale du choix du projet agricole, marqué par une tendance vers la diversification et la valorisation des produits, notamment à travers la transformation et la vente directe, avec un dynamisme particulier dans la filière maraîchère. L’objectif premier de cette diversification est de garantir la pérennité des revenus de l’exploitation.

Parallèlement, plusieurs dispositifs émergent pour faciliter le renouvellement des générations, notamment pour les agriculteurs souhaitant s’installer en dehors du cadre familial, une réalité pour environ un agriculteur sur deux.

Le CEFI (Contrat Emploi Formation Installation) se révèle être une précieuse opportunité, permettant aux porteurs de projet de bénéficier d’une immersion dans le milieu agricole pour préparer leur installation par reprise ou association.  Cette période immersive est essentielle et permet de sécuriser et finaliser les projets d’installation.

Sur le plan financier, diverses aides viennent soutenir la reprise d’exploitation, telles que le fonds d’avancement pour l’acquisition du cheptel proposé par Arterris et le groupement d’élevage Occitanie. L’utilité de ces soutiens est évidente, notamment en considération du délai nécessaire pour que certaines activités agricoles, comme l’élevage, soient rentables.

« Malgré tous ces soutiens, la gestion des aléas climatiques, la sécurisation du stockage de l’eau, la résilience des exploitations et la stabilisation des revenus demeurent des défis majeurs pour les agriculteurs de l’Ariège. Pour y faire face efficacement, une approche intégrée et proactive s’avère indispensable pour garantir le succès des exploitations agricoles dans la région », conclut Clémence.

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Charline Kohler

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