GESTION DE L’EAU : Pour une réflexion apaisée et collective sur l’eau.

Face aux défis posés par le réchauffement climatique, une prise de conscience s'impose.
Depuis l'été 2022, les sécheresses alarmantes sur le terrain ont engendré des préoccupations grandissantes. Toutefois, la question cruciale de l'eau exige une approche spécifique, rationnelle et pragmatique en prenant du recul pour une vision globale. (...)

Quelle est la situation de notre territoire en matière d’eau ?
Nous sommes confrontés à des épisodes alternant fortes pluies et longues périodes de sécheresse estivale accentuées par l’augmentation des températures qui mettent en souffrance la ressource. Ce phénomène tendra à s’aggraver dans les années à venir. Parallèlement, malgré les efforts individuels de réduction, les usages collectifs de l’eau continuent d’augmenter, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux. Cette tendance s’explique par divers facteurs tels que l’augmentation estivale de la population due à l’attrait touristique ou l’adaptation des activités économiques aux nouveaux régimes climatiques. Des filières qui jusqu’à présent n’avaient pas recours à l’irrigation comme le maraîchage, la vigne, l’arboriculture, doivent aussi prendre en compte cette évolution climatique.
L’été 2022 a rappelé l’évidence de la nécessité de l’eau pour toute production alimentaire, quel que soit le mode de production. Actuellement le risque de sécheresse est considéré comme « fort » sur une grande partie du territoire. Les Pyrénées-Orientales, font déjà face à une sécheresse sévère, entraînant des mesures de restrictions sans précédent.

Pour une stratégie collective d’aménagement hydraulique durable
Dans ce contexte, la nécessité d’économiser la ressource est indéniable, et le secteur agricole s’est déjà engagé dans cette voie en adoptant des pratiques plus précises et efficientes.
Les volumes d’eau utilisés pour l’irrigation du maïs par exemple, ont ainsi diminué ces dernières années grâce au recours à des outils de précision et à des matériels plus performants.
Autre exemple, dans l’Ariège et dans l’Aude, au vu de l’état des réserves d’eau, la profession a pris l’initiative, en concertation avec les élus et l’administration, de réduire de 50% les prélèvements effectués par un millier d’agriculteurs sur la campagne en cours. Et ce, malgré les conséquences négatives prévisibles sur la production alimentaire et les risques d’accélération de l’abandon de cultures et d’élevages.
Cependant, malgré les efforts individuels et les réductions de prélèvements réalisées, il est clair que ces mesures ne suffisent pas à combler les déficits en ressources hydriques. Face à l’état préoccupant des réserves d’eau, il est impératif de prendre des mesures plus ambitieuses et de construire ensemble une vision à long terme.
Il est temps d’engager une réflexion collective et apaisée sur la gestion de l’eau, afin de préserver cette ressource vitale pour tous. Il est temps de bâtir une stratégie d’aménagement hydraulique à l’échelle des territoires, en reconnaissant l’importance de tous les usages de l’eau et en anticipant leurs évolutions futures.
Cette vision implique une approche collective, réunissant citoyens, industriels, agriculteurs, collectivités, experts, associations et services de l’État.
L’objectif est de créer une cartographie exhaustive de toutes les utilisations actuelles de l’eau, en reconnaissant leur complémentarité et leur importance, plutôt que de les opposer les unes aux autres. En prenant en considération les besoins futurs à 10, 20 ou même 30 ans, il devient possible d’évaluer les infrastructures de stockage requises et mettre en place une politique à long terme concertée, pour une gestion responsable et durable de l’eau.
Cette démarche vise à garantir la sécurité hydrique de nos territoires, tout en prenant en compte des intérêts de chaque acteur. Elle contribuera également à renforcer notre souveraineté alimentaire et à assurer un avenir durable pour nos communautés.
Nous souhaitons aborder une approche collective et visionnaire, où la coopération prime sur les intérêts individuels. Ensemble, nous pouvons construire un avenir où l’eau est gérée de manière équilibrée, assurant ainsi notre bien-être et celui des générations futures.

Repenser le stockage de l’eau pour préserver notre avenir hydrique
En Occitanie, seulement 5% de l’eau de pluie qui tombe est actuellement stockée. Pourtant, nous disposons d’un avantage considérable avec la présence des montagnes des Pyrénées et du Massif Central, qui ont été exploitées par le passé. Les aménagements hydrauliques existants – réseaux collectifs d’irrigation, grands ouvrages de transferts et de stockage – constituent un patrimoine structurant qui s’est construit au cours de très nombreuses années. Mais ces infrastructures existantes ne répondent plus totalement aux besoins croissants et aux périodes de sécheresse. Il est donc essentiel de repenser nos méthodes de stockage. Les lacs bien planifiés démontrent leur efficacité dans de nombreux domaines : soutien des débits, irrigation, activités économiques et préservation de la biodiversité. A l’image du lac de Montbel dans l’Ariège qui représente une réserve de 60 millions de m3 d’eau sur une surface de 550 hectares. Il recueille une partie des eaux de pluie et de la fonte des neiges pyrénéennes et constitue ainsi le principal poumon hydraulique de toute une région, précieux renfort au débit de l’Ariège et de la Garonne. Il est devenu avec le temps une réserve de biodiversité, les oiseaux se sont habitués à hiverner ici et on y trouve des espèces protégées comme l’écrevisse à pattes blanches. Il sert aussi de base à des activités touristiques et piscicoles. Mais aujourd’hui il s’assèche et son bas niveau inquiète.
Des stockages de nouvelle génération pourraient soutenir nos villes tout en préservant l’agriculture, un tissu rural vivant et diversifié et garantir notre souveraineté alimentaire. C’est un enjeu vital pour notre avenir qui va de pair avec une gestion plus économe de l’eau

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Charline Kohler

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