L’agriculture en symbiose avec la terre.

Adapter ses pratiques, Alain Duphil, âgé de 65 ans, le fait constamment depuis qu’il s’est lancé dans l’agriculture. A la tête du GFA Moulas à Cintegabelle (Haute-Garonne) depuis 1989, cet adhérent d’Arterris met en œuvre des solutions alternatives pour maîtriser sa consommation d’eau et améliorer de façon durable le potentiel de ses sols. Toujours à l’écoute de la nature et du progrès, il a élaboré une stratégie solide reposant sur plusieurs fondements clés. (...)

Adapter les cultures aux conditions pédoclimatiques
L’une des premières mesures prises par Alain Duphil a consisté à faire évoluer son exploitation vers des cultures moins consommatrices en eau. Pour cela, il a depuis plusieurs années progressivement réduit ses surfaces cultivées en maïs, auxquelles il a substitué des céréales à paille, blé dur ou orge, et du tournesol. « Je suis d’abord passé de 90 ha de maïs et 20 ha de blé à 70 ha de maïs et 40 ha de céréales à paille, explique-t-il. Cette année, après l’expérience de sécheresse de l’été dernier, j’ai conservé les 40 ha de céréales à paille, mais je suis passé à 55 ha de maïs et 15 ha de tournesol, qui sont certes irrigués mais qui nécessitent deux fois moins d’eau (1 500 m3/ha contre 3 500 m3 pour le maïs). »

Choisir des variétés précoces
Autre solution, mettre en place une stratégie d’évitement fondée sur le choix de variétés précoces, afin de pouvoir semer plus tôt pour moissonner dès la fin septembre. L’intérêt est double : les besoins en irrigation s’en trouvent diminués, et l’agriculteur évite des frais de séchage en récoltant son maïs plus tôt. « Ce type de pratique permet d’arrêter l’irrigation vers le 10 août, alors qu’avec une variété plus tardive, il faut continuer jusqu’à début septembre, poursuit Alain Duphil. Pour la campagne en cours, j’ai encore avancé les dates de semis de ces variétés précoces. Je prévois de gagner plusieurs semaines et de ne plus irriguer après le 30 juillet. »

Pratiquer une agriculture de conservation
Alain Duphil s’est également engagé dans l’agriculture de conservation, après avoir conclu un partenariat avec une start-up spécialisée dans les crédits carbone qui génère des revenus complémentaires à son exploitation. Ce procédé consiste à travailler le sol au minimum, à pratiquer des rotations et des associations culturales, ainsi qu’une couverture permanente du sol par un couvert végétal vivant ou mort (paille).
Semer des couverts végétaux d’été, sorgho fourrager, radis fourrager ou encore des couverts végétaux d’hiver, féveroles et phacélies, qui augmentent naturellement le taux de matières organiques dans le sol. « Je laisse ces couverts d’été se dégrader après les gelées de novembre, avant de passer le broyeur en février. Ensuite, il suffit de travailler à 10 cm de profondeur pour préparer les lits de semences. En évitant les labours profonds et en laissant les vers de terre et les mycorhizes travailler le sol, on préserve ainsi la symbiose entre la nature et les plantes, ce qui permet à la fois de diminuer les apports d’engrais, sans perte de rendements, et d’avoir un sol ferme et poreux qui retient mieux l’humidité et évite le ruissellement. ».
Pour aller plus loin, Alain Duphil expérimente actuellement le bois raméal fragmenté (BRF), technique de paillage, directement réalisée dans les champs à partir du broyage de résidus de foresterie, qui stimule l’activité biologique du sol et apporte des fertilisants minéraux.
L’urgence de créer de la ressource en eau multi-usage
Cette approche agronomique alternative passionne cet ingénieur agronome qui affirme avoir retrouvé tout l’intérêt de son métier avec l’agriculture de conservation. Associée à des investissements dans du matériel d’irrigation plus efficient (pivots et vannes automatiques), elle a un effet sur la maîtrise de sa consommation d’eau. Cependant, du fait du réchauffement climatique, il n’utilise pas moins d’eau.
« S’adapter ne suffira pas. Transition énergétique et stockage de l’eau sont une question de survie, pour tous.
Mon vœu le plus cher est que les politiques viennent découvrir de leurs propres yeux l’agriculture que nous pratiquons, une agriculture qui stocke activement le carbone. » conclut-il.

Retourner aux actualités

Contact presse

 

Contact presse

Charline Kohler

+33(0)5 32 11 07 32

charlinek@oxygen-rp.com

Nos Actualités