ENJEU DE TERRITOIRE : L’eau, une question vitale aux implications multiples

La question de l’eau a pris un tour brûlant ces derniers mois sous le double effet des canicules et de la sécheresse sans précédent qui ont frappé nos régions, d’une part, et des fortes tensions survenues autour de l’aménagement de retenues hydrauliques, d’autre part. Pourtant, le débat public autour d’une ressource vitale, fragile et partagée nécessite d’être mené avec discernement, loin de toute posture manichéenne. (...)

Le Comité de bassin, lieu de la réflexion collective
La gestion de l’eau fait d’ailleurs l’objet d’une réflexion collective permanente au sein des Agences de l’eau, établissements publics chargés de gérer et préserver les ressources en eau et les milieux aquatiques. Sur le territoire des régions Sud et Occitanie, ce sont les agences Rhône-Méditerranée-Corse et Adour-Garonne qui assurent cette mission. Chacune a son Comité de bassin, composé de représentants des usagers de la société civile et des acteurs économiques, des associations environnementales, des collectivités territoriales et de l’Etat.
Cette instance donne des avis sur le programme de l’Agence de l’eau, sur les réglementations et les projets, et élabore le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux. Le Comité de bassin de l’Agence Adour-Garonne réunit ainsi 140 personnes représentatives des différents usages et de la diversité des usagers, sous la présidence d’Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, et la vice-présidence de Carole Delga, présidente de la région Occitanie. La coopération agricole y fait en toute logique entendre les besoins de l’agriculture, représentée par Arterris en la personne de Marie-Sophie Pujol-Fort, agricultrice à Castelnaudary et administratrice de la Coopérative.

L’irrigation, limitée mais indispensable
Quels sont les enjeux de l’eau pour l’agriculture ?
Ils sont connus : on a coutume de le dire, et cela est vrai, il n’y a pas d’agriculture sans eau. Sur l’immense majorité des terres, 90% de la surface agricole utilisée sur le bassin Adour-Garonne, l’eau de pluie suffit aux besoins de l’agriculture. Selon les données Agreste du ministère de l’Agriculture, le recours à l’irrigation est nécessaire sur les 10% restants, qui représentent environ 500 000 ha, et concernent les grandes cultures (maïs, céréales oléo-protéagineux), les cultures légumières de plein champ, les vergers et les cultures de semences. Ce sont autant de productions à haute valeur ajoutée, pour lesquelles « l’irrigation est indispensable à l’obtention d’un rendement satisfaisant et de la qualité requise par les marchés », et même une condition préalable à la signature des marchés dans le cas de cultures contractuelles comme le maïs semence.
Souveraineté et sécurité alimentaire
Or ces cultures, comme toutes les cultures, jouent un rôle crucial dans la préservation de notre souveraineté alimentaire, qui est la condition de notre sécurité alimentaire. Les effets directs de la crise du Covid puis de la guerre en Ukraine sur les marchés agricoles mondiaux donnent la mesure de l’intérêt stratégique à pérenniser ces productions sur nos territoires. Il n’est jamais inutile de rappeler que les principales matières premières qui remplissent les rayons alimentaires de nos supermarchés sont les productions agricoles.

Maîtriser la consommation d’eau, une priorité
Ces éléments factuels ramènent à la question centrale de l’eau. Face au risque de situations de stress hydrique réitérées et prolongées menaçant les productions, deux actions complémentaires sont nécessaires. La première consiste à agir sur la consommation pour limiter la pression sur la ressource, ce que font les agriculteurs, comme en témoigne Marie-Sophie Pujol-Fort : « Il y a 20 ans, mon père irriguait 100% de notre superficie irrigable. J’ai fait un choix de gestion différent qui me permet de n’irriguer qu’un tiers de cette surface aujourd’hui. Je m’adapte aussi avec des techniques d’arrosage plus précises comme le goutte-à-goutte enterré pour mieux gérer les volumes d’eau apportés et éviter les déperditions dues à l’évaporation et au vent. J’utilise aussi des outils comme des tensiomètres dans le sol pour mieux cibler l’irrigation et maîtriser la consommation. »

Sécuriser l’approvisionnement, une nécessité
La seconde action est l’aménagement des réserves d’eau pour faire face à la sécheresse lorsqu’elle survient et répondre aux besoins de l’agriculture mais aussi de tous les usagers du territoire. Le bassin Adour-Garonne dispose de réserves alimentées par la fonte des neiges des Pyrénées et par la captation des eaux de pluie : le lac de Montbel, en Ariège (60 millions de m3), le lac de la Ganguise, dans l’Aude (44 millions), les lacs de la Montagne noire (30 millions) sont les principales.

Se concentrer sur les eaux de surface
« Malgré cela, le déficit pour le sud de la France avoisine les 250 millions de m3. » poursuit Marie-Sophie Pujol-Fort. « Pourtant, sur le territoire de l’Ariège, à peine 5% de l’eau de pluie qui tombe est stockée. Nos régions sont de plus en plus souvent touchées par des pluies violentes, des épisodes méditerranéens qui déversent des volumes d’eau très importants perdus pour les nappes phréatiques. Il serait bon de pouvoir retenir et stocker une partie de cette eau de surface qui passe en créant des aménagements adaptés. »
« Lors des 5 assemblées Agrivox de notre Coopérative, quatre experts du climat se sont succédés pour partager leur expertise et nous éclairer. Agroclimatologue, chercheur, agroéconomiste, journaliste, tous les 4 s’entendent à dire que les étés chauds et les pluies diluviennes en hiver vont devenir une norme de climat sur notre territoire/bassin. Nous ne pouvons que retenir l’importance du stockage de l’eau. » conclut Marie-Sophie Pujol-Fort.
C’est un levier intéressant, qu’il est possible d’actionner collectivement, en maîtrisant les impacts, notamment sur la biodiversité. La réflexion est ouverte !

 

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Charline Kohler

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