TRIBUNE : Gestion quantitative de l’eau, courage et cohérence

L’été qui s’achève a accentué le malaise qui touche une part croissante du monde agricole. Dans un contexte anxiogène marqué par la sortie de la crise du Covid et la guerre en Ukraine, nous assistons en effet à une prise de conscience générale de la nécessité de relocaliser les productions alimentaires. Dans le même temps, en raison des contraintes qui pèsent sur elles et des aléas climatiques, les différentes productions agricoles traversent une période extrêmement difficile. Les volumes de récolte de la saison estivale sont en recul de 15%, affectés en particulier par la sécheresse la plus sévère des dernières décennies. (...)

L’indispensable préservation des moyens de production
Nous vivons donc une situation paradoxale, où l’agriculture de notre territoire risque de se trouver en perte de vitesse, au moment même où les attentes sociétales à son égard sont les plus fortes pour nourrir les populations locales.
La résolution de cette équation complexe réside dans une politique territoriale cohérente et courageuse, qui unisse les décideurs publics et le monde agricole, pour répondre à la fois aux enjeux environnementaux et au besoin de sécurité alimentaire.
Il ne faut pas se voiler la face : la condition majeure pour que notre agriculture reste capable de tenir son rôle territorial réside dans la préservation de ses moyens de production. Or, le premier et le plus essentiel des ces moyens est l’eau, dont la gestion quantitative sera l’enjeu primordial des années à venir.

Une sobriété nécessaire mais pas suffisante
Le monde agricole a conscience de la préciosité de cette ressource, de ce bien commun fondamental qu’il est nécessaire de préserver. Nos agriculteurs agissent déjà pour en limiter l’utilisation : ils s’équipent en matériels plus performants qui évitent les déperditions, utilisent des outils d’aide à la décision qui permettent une irrigation efficiente, adaptent leurs systèmes de cultures, décalent les dates de semis et sèment des espèces plus sobres. Ces efforts d’économie sont nécessaires et nous cherchons à aller toujours plus loin pour continuer à optimiser nos apports en eau. Mais l’usage raisonné de la ressource ne pourra pas suffire : quels que soient les cultures, les élevages et les modes de production, les besoins en eau ne diminueront pas.

Pour une véritable politique d’aménagement
On anticipe dans le futur des sécheresses plus fréquentes, plus étendues et plus intenses qui vont aggraver la situation sur notre territoire. L’irrigation par prélèvement dans les rivières, les nappes ou les retenues est une nécessité vitale.
Il paraît donc urgent de réfléchir collectivement à une politique d’aménagement hydraulique ambitieuse et globale, prenant en compte non seulement les besoins agricoles mais aussi l’ensemble des usages, pour renforcer nos capacités de stockage de l’eau.
Ce n’est malheureusement pas la direction que prennent les pouvoirs publics aujourd’hui, si l’on en croit les conclusions du Varenne de l’eau qui font passer l’usage agricole de l’eau au second plan.
A la lumière de l’année que nous venons de vivre, ces orientations font courir un risque supplémentaire, dont les conséquences pourraient être très graves pour notre agriculture, et plus largement pour notre souveraineté alimentaire. Car au-delà de toutes les idées préconçues, les faits s’imposent à nous : sans eau, il n’y a pas d’agriculture !

Jean-François NAUDI
Président d’Arterris

Retourner aux actualités

Contact presse

 

Contact presse

Charline Kohler

+33(0)5 32 11 07 32

charlinek@oxygen-rp.com

Nos Actualités